dimanche 6 novembre 2016

Re/Member de Welzard

Année d'édition : 2016
Edition : Lumen
Nombre de pages : 531
Public visé :  Young Adult
Quatrième de couverture :
Au lycée d'Ôma, une terrible légende circule parmi les élèves : la Rouge-Sang, une fillette de onze ans couverte du sang de ses victimes, hanterait les couloirs après la fin des cours. Celui qui aurait le malheur de croiser la revenante devrait, pour lui échapper, quitter l'établissement sans se retourner...

Lorsqu'une lycéenne demande à Asuka de retrouver son corps, la jeune fille pense d'abord à une plaisanterie. Jusqu'à ce que minuit sonne et qu'elle se retrouve transportée, en compagnie de cinq de ses camarades, dans les corridors déserts de l'école. Pourchassés par la créature, les six amis se font littéralement massacrer... avant de se réveiller le matin suivant comme si rien ne s'était produit ! Prisonniers d'une boucle temporelle cauchemardesque, Asuka et ses compagnons comprennent vite que pour briser la malédiction, ils vont devoir retrouver les morceaux du cadavre d'une victime de la Rouge-Sang, cachés dans tout le lycée...

Une chasse au trésor macabre est lancée : bienvenue dans le cauchemar sans fin de la Rouge-Sang... Faites-vous peur avec le nouveau thriller phénomène venu du Japon !



Asuka est une lycéenne comme les autres. Proche de ses amis, élève calme et qui aime sortir, elle vit sa vie comme elle l'entend sans jamais causer de tort à qui que ce soit. Aussi la voilà bien étonné lorsqu'une fille de sa classe, Haruka, lui demande de retrouver les morceaux de son corps qui aurait été éparpillé un peu partout dans le lycée. Car au lycée d'Ôma, une terrible malédiction existe depuis des décennies. Quiconque croise la rouge-sang doit alors trouver des élèves pour retrouver son corps coupé en morceau. Tant que le corps n'est pas retrouvé, les mêmes journées recommencent sans cesse...

Lire des romans d'horreur et de fantômes ? Ca me botte. Fan du cinéma asiatique et de leur rituel et malédiction j'étais hyper intriguée surtout que j'aime le soin apporté aux éditions Lumen qui pour des spécialiste jeunesse proposent des romans variés et originaux. Là encore, j'ai passé un bon moment de lecture, c'était bien sympa, mais pas aussi effrayant que je le pensais. Faut dire niveau frayeur et horreur je suis rôdée avec tout ce que j'ai pu lire ou voir qui m'aura laissé de marbre. L'idée était bonne, les personnages sympas, même si un peu stéréotypé et le final surprend. Dans l'ensemble donc c'est réussi. Nul doute qu'il trouvera ses lecteurs !

On entre dès les premières pages dans le vif du sujet. L'auteur ne prend pas le temps de poser ses personnages et son histoire autour de la malédiction. On est de suite projeté dans la quête au corps lorsque Haruka demande à notre héroïne de retrouver son corps. Ca y est vous êtes prêt ? La quête est commencée ! Asuka et 5 autres de ses amis vont se retrouver enfermer dans un cercle temporel infernal. Tant qu'ils n'auront pas reconstituer le corps de la dite Haruka, ils revivront chaque fois le même jour, soit le 9 Novembre. A l'auteur maintenant de se vouloir inventif pour éviter le côté trop redondant de l'intrigue. Et avouons qu'au début, ce n'est pas trop ça.

La Rouge-Sang est assez flippante. La gamine d'à peine onze ans, en robe plein de sang apparait toujours au moment où on s'y attend le moins, chantant une petite comptine qu'elle semble tant affectionner. La fillette en fera frémir plus d'un puisqu'en plus d'apparaître de manière aléatoire, elle tranche des têtes, troue des corps à la seule force de ses bras. Plus c'est sanglant, plus elle s'amuse ! La fripouille !

Citation :
" Debout sur le monticule de chair qui était encore Rumiko quelques secondes plus tôt se tenait la Rouge-Sang, hilare.
Quand je pris conscience de ce qui se passait, un hurlement franchit mes lèvres, mais il était déjà trop tard...

- Donne-moi du rouge... croassa la fillette.

Couverte de sang de pied en cap, elle braquait sur moi un regard narquois, un sourire jusqu'aux oreilles.
L'instant suivant, ma tête chuta au sol : mon corps venait d'être décapité." Page 24


Voilà un petit extrait de ce qu'il se passe dans Re/Member. En fait c'est un ballet d'entrailles, de corps démembrés et de concours à celui qui mourra le plus vite et le plus salement possible. Le côté gore est assez bien mis en avant et même si certains pourraient le trouver excessif (a raison) moi ça m'a plu justement. Je sais que les Japonais ne font jamais dans la demi-mesure lorsqu'ils ont décidé de verser des litres de sang et ce fut le cas. L'histoire autour de la Rouge-Sang m'a plu, les révélations se font au compte-goutte mais cela ne m'a pas posé de problèmes puisque du coup cela permet à l'auteur de continuer à susciter l'intérêt de ses lecteurs malgré des séquences très répétitives.

Bah oui tous les jours nos six héros se réveillent à la même date et presque de la même façon. Ils se rendent en cours, attendent que Haruka les harcèle pour qu'ils retrouvent son corps et hop ils finissent par se réveiller à minuit au sein du lycée à chercher des bouts de cadavres sanguinolents pour réussir un puzzle géant. Assez morbide en fin de compte et un peu déjanté aussi. Mais ce qui m'aura vraiment plu et que j'aurais voulu voir davantage développé, c'est la folie des héros. Ils commencent à perdre les pédales à chercher le moindre changement en jouant au jeu des sept différences d'un jour à l'autre.

Et puis on ne sait pas pourquoi, ils deviennent fous et ont une soudaine envie meurtrière. C'est Haruka qui va en faire les frais, la pauvre, elle a déjà bien assez à faire avec son corps démembré et caché dans le lycée.

Citation :
" - Admettons...que je tue Haruka, et qu'on passe à demain : qu'est-ce que je deviendrais, moi? Un assassin !
- Mais t'en es déjà pas loin ! Tu as tué Kenji et Rie, alors ... tu peux bien supprimer Haruka dans la foulée !
- Mais c'était pendant la chasse au corps...
Et assassiner un camarade durant cette épreuve était toléré... Voilà le raisonnement que tenait Shôta. J'avais changé d'avis : à présent, peu importait ce qui lui arriverait.
Forcé par Takahiro à tuer Haruka, Shôta passa la matinée de cours à trembler de peur. " Page 64

Un petit arrière-goût de l'excellent Battle Royal où tous les coups sont permis pour liquider Haruka et potentiellement éviter la chasse au corps. Sympa les amis dites-donc ! Bon tout ce qui tourne autour de la chasse et de la malédiction m'a bien plu et pour un roman jeunesse il se veut assez gore parfois et plutôt violent. (du meurtre, du découpage, une tentative de viol...)

Seulement, on sent le côté jeunesse qui plane pas mal autour du roman. Concernant les amourettes de nos héros qui sont à l'image des Japonais : très pudiques et timides. Nos héros qui si au départ semblent sans cesse tourmenté pendant la chasse au corps finissent un peu trop vite par l'accepter. Quoique... je ne sais pas si j'aimerais participer à ce genre d'événements... pourquoi pas après tout ? Faut voir et comparer les points positifs et négatifs. Bon donc, je disais que nos héros acceptent bien vite leur sort. Après, si je ne me trompe pas, les croyances japonaises sont très différentes des nôtres pour tout ce qui concernent les fantômes, esprits et la possession il me semble. Du coup, si on lit le roman en se mettant dans leur état d'esprit, ça peut coller. D'un autre côté, ça évite les personnages larmoyant à souhait qui hurlent à tout va parce qu'une gamine ensanglanté est à leurs trousses.

Difficile aussi d'écrire un roman qui se déroule sans cesse la même journée. Chaque chapitre étant en fait un 9 Novembre et cela se répète jusqu'à ce que nos héros accomplissent leur mission. Et elle sera rude tout de même ! Ya pourtant un moment où on commence à sentir une certaine lassitude parce qu'on se doute très fortement et à raison que nos héros n'y parviendront pas en deux chapitres. Sinon où est l'intérêt ? Du coup, l'auteur ajoute quelques modifications au fur et à mesure, comme ce témoin clef du jeu du corps, le professeur qui va tenter de les aider, même si à part leur fournir une piste ou deux qu'ils auraient pu trouver tout seul s'ils s'étaient un peu remués, n'apporte au final pas grand chose. Mais voilà ça permet d'innover un peu et d'apporter un second souffle à l'histoire alors que la malédiction est déjà bien sympa.

J'ai d'ailleurs adoré la montée en puissance des demandes de Haruka pour retrouver son corps... Ils sont fort ces japonais ! Vraiment ! Je pense que plus d'une personne regardera à deux fois dans sa salle de bain avant de prendre sa douche ou y réfléchira à deux fois avant d'aller se coucher !
Citation :
" J'eus tout à coup la sensation qu'une main glaciale me saisissait le pied. (...)
Arrivée à hauteur de ma poitrine, la sensation d'un morceau de glace en pleine ascension sur mon corps se faisait encore sentir alors même qu'aucun relief ne soulevait la couverture.
Pourtant, deux mains blanches apparurent. Dix doigts pâles qui vinrent se plaquer de part et d'autre de mon visage. La couverture se souleva, et je vis alors un corps noir.
Au moment où je compris qu'il s'agissait de la tête de Haruka...
- Asuka... retrouve mon corps." Page 280


Alors oui il y a quelques petits défauts dans ce roman, ça reste du jeunesse, les personnages sont un peu stéréotypés même si pour le coup beaucoup moins qu'un roman américain (honnêtement !). On se délecte de l'hécatombe que fait la Rouge-Sang, dézinguant nos héros à tout va sans état d'âme et avec un plaisir non dissimulé. Ce roman m'a diverti comme il faut. Je ne lui en demandais pas plus.

En bref, un roman sympathique, qui se lit vite et qui possède quelques bonnes petites choses. Un livre d'horreur pour la jeunesse qui ne fait pas l'impasse sur les scènes bien sanglantes et gores tenant pas mal de ses promesses. Un peu répétitif par moment, des personnages pas toujours très charismatiques, mais au final on se dit qu'il est plaisant et nous a diverti.

Les plus :
- Le cercle temporel. Intéressant.
- Le côté gore vachement assumé et qui aurait pu l'être davantage.
- L'histoire de la Rouge-Sang très sympa.

Les moins :
- Forcément qui dit cercle temporel dit un peu de répétition dans la trame principale. CQFD
- Les romances que l'auteur a voulu instiller petit à petit et qui aurait pu être éviter. 
 
Chronique de Louve


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