samedi 25 juin 2016

Cette fille, c’était mon frère de Julie Anne Peters

Année d'édition : 2016
Edition : Milan
Nombre de pages : 394
Public visé :  Young Adult
Quatrième de couverture :
Comment réagit une famille quand elle découvre que son enfant n’est pas celui qu’elle connaît, qu’il est autre, au sens premier du terme ? Un roman bouleversant et inoubliable sur la métamorphose du héros, Liam, adolescent, en Luna, la fille qu’il sait être depuis toujours.









 


Le titre du roman étant très évocateur, on devine tout de suite quel est le sujet principal et l'auteure nous y plonge dès les premiers paragraphes. Narré par Regan, une adolescente bien dans ses baskets mais manquant encore un peu d'assurance, ce roman aborde un sujet délicat, pour ne pas dire tabou, et là où l'auteure aurait pu pécher par excès de pathos ou manque de tact, elle s'en est tirée à merveille.

Cette fille c'était mon frère raconte une tranche de vie familiale et lycéenne du point de vue d'une ado qui a tout à fait conscience qu'elle a une sœur, et non un frère, car si tout le monde voudrait faire de Liam le fils parfait, le lycéen parfait, le sportif parfait, Liam se veut en réalité Luna et souffre de n'être pas né fille. Leur famille nageant en plein déni (voir pire), engoncée qu'elle est dans les bonnes vieilles traditions, Luna se cache et seule Regan lui permet d'exister (au prix de nuits agitées, car Luna squatte sa chambre).

Cet arrangement entre les deux sœurs a fait son temps, cependant les deux ados grandissent, évoluent, et Liam / Luna ne peut plus s'en contenter, pendant que Regan, de son côté, souffre de plus en plus de l'isolement provoqué par l'énorme secret qu'elle doit cacher à tous, sans parler des non-dits et malaises au sein de son foyer.

Alors que Regan rencontre, pour la première fois, un garçon qui lui plait, Liam / Luna de son côté doit faire un choix : continuer à se cacher et à étouffer, fonçant droit vers la dépression, ou entamer sa transition et les démarches pour devenir ce qu'elle a toujours su être.
Dès lors, tout explose, au risque d'entraîner des effets de bord à tous les niveaux dans l'entourage des deux sœurs. Et pourtant... c'est enlevé, drôle, les personnages sont attachants. L'auteure n'a pas choisi la facilité, en particulier autour de la relation entre Liam et son amie d'enfance Aly.
Il y a des passages qui sont vraiment superbes, d'autres où l'on a envie de secouer les frangines à tour de rôle à causes de leurs bêtises, mais il y a surtout leur complicité, cet amour indéfectible qu'elles se vouent, et qui les sauvera malgré elles, car forcément, comme dans toutes les fratries, il y a aussi de l'agacement, des petites rancunes et des jalousies.
Mais c'est bien la complicité qui ressort tout au long du roman, les poussant à s'entraider et à maintenir la tête hors de l'eau quand c'est trop dur.

J'ai particulièrement apprécié tous les petits flash back de Regan, qui permettent de mieux comprendre et appréhender son évolution et celle de ses proches. Au final, c'est amusant de voir que elle, qui est née fille, doit apprendre à s'approprier les codes féminin, alors que Luna les élève d'instinct au rang d'art depuis l'enfance, tant elle en a besoin pour se sentir exister. Cela donne des échanges pittoresques et parfois décalés entre les deux sœurs.
Ce qui n'empêche quand même pas un gros coup au cœur : il est évident, tout au long du roman, que Luna va devoir sacrifier des relations auxquelles elle tient... parce que tout le monde n'est pas capable de comprendre ce qu'elle est, de comprendre la souffrance qui la ronge et le besoin qu'elle a de changer. Si elle va jusqu'au bout de sa démarche, elle ne sera jamais le fils parfait qui comblera les attentes de ses parents, sachant qu'elle a déjà toujours eu la sensation de les décevoir.
Tout l'enjeu du roman est donc là : Regan saura-t-elle continuer à soutenir Luna, envers et contre tous ? Et surtout contre elle-même ?

Chronique de Roanne

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