mardi 6 janvier 2015

Mauvais garçon de Laurent Bettoni

Année d'édition : 2014
Edition : don quichotte
Nombre de pages : 305
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
« Premier de la classe le jour, bad guy la nuit. Cette dichotomie aurait de quoi rendre schizo n importe qui. Mais Thomas a tenu bon toutes ces années, convaincu que bientôt plus rien ne l obligerait au grand écart. Que bientôt il n aurait plus à composer avec sa part sombre. [...] Il se faisait penser à Superman quand il quitte sa tenue de héros pour revêtir les habits de Clark Kent. Sauf que sa tenue de combat à lui, c est un jogging de caillera dealer de beuh. » Meilleur élève de sa promo et diplômé en sociologie et philosophie politique, Thomas, 23 ans, se voit refuser stages en entreprise et emplois auxquels il postule. D autres lui passent devant, moins compétents mais mieux nés, des « fils de » qui disposent de réseaux d entraide dont Thomas est privé. Alors, en attendant de décrocher un vrai boulot qui lui permettrait de vivre une vie décente aux côtés de sa petite amie, Thomas bricole avec les gars de la cité, deal et autres matos tombés du camion, tout en aiguisant sa rancoeur. Si rien ne bouge, Thomas risque de prendre perpète en HLM : « horizon lointain limité » et de crever lentement dans sa cage de béton. Jusqu au jour où son directeur de soutenance, Louis Archambault star médiatique des sociologues politiques lui propose de venir l aider à gérer Ideo, un site d opinion qu il dirige anonymement sur le Darknet, réseau parallèle du web où la confidentialité et l anonymat sont de rigueur, octroyant une certaine impunité aux utilisateurs dotés de mauvaises intentions (trafic de drogue ou d armes, manuel de terrorisme, combats clandestins, service de tueurs à gage, etc.). Thomas. Et comprend rapidement la raison pour laquelle le professeur opère à visage masqué. Ideo propage des thèses extrémistes qu Archambault se garde bien de soutenir en public, et qui, de prime abord, interloquent Thomas. Simplement, par-delà ses idées dangereuses et discutables, l homme est aussi le seul à lui apporter une aide providentielle quand tous lui tournent le dos... Jusqu où l élève sera-t-il prêt à suivre le maître ?


Premier avis 2015 et premier gros coup de cœur. Je ne m'attendais pas du tout à lire une telle pépite lorsque j'ai découvert le synopsis. Merci au forum Mort-Sure et aux éditions Don Quichotte pour ce partenariat qui m'a permis de découvrir Laurent Bettoni et son "Mauvais Garçon".

Cette histoire m'a vraiment prise aux tripes du début à la fin. Il faut dire qu'on a pas a attendre longtemps avant d'être plongé dans l’intrigue puisque, dés le premier chapitre, le héros, Thomas, se fait courser entre les immeubles de sa cité par un policier qui vient de le prendre en flagrant délit de vente de drogue. Quelle entrée en matière angoissante alors que je connaissais à peine le personnage... tout en y étant pourtant déjà très attachée! Pour ma défense, je dois dire que Thomas est particulièrement charismatique. Ensuite je n'ai pas pu m’arrêter de lire avant d'avoir tourné la dernière page. Whaou! Je ne m'attendais pas à ce que l'auteur emmène son personnage aussi loin. Et puis il n'y a pas un seul temps mort. Les actions se suivent et prennent de plus en plus d'ampleur sans me laisser l'occasion de m'ennuyer une seule seconde. Le top! Mais plus encore que l'action principale autour du site d'Ideo qui laisse libre court à des bavardages extrémistes et révolutionnaires sous couvert de l'anonymat du darknet, c'est l'évolution psychologique de Thomas qui est passionnante/troublante. Rongé par l'ambition de délaisser sa misérable existence pour gagner de l'argent et vivre dans de meilleures conditions, le jeune homme ne se rend pas compte qu'il "vend son âme au diable". Car influencé par son mentor à qui il voue une admiration sans bornes (voir même une attirance sexuelle), Thomas va petit à petit oublier d'où il vient, dénigrer son entourage et abandonner ses valeurs pour devenir un individu bien pire que ceux qu'il critique dans ses publications sur Ideo. Manipulation, violence, came, mensonges et paranoïa deviennent son quotidien. Mais à quel prix? Pas sur que l'avenir idéale promis par son ancien professeur le rende plus heureux et respectable... Tout ne serait-il pas qu'Utopie? Plus que jamais le dicton suivant prend tout son sens : "L'argent ne fait pas le bonheur".

La plume de l'auteur est terriblement saisissante puisque Laurent Bettoni réussit à adapter son écriture en fonction de ses personnages. Tantôt familière quand l'action se passe dans la cité, avec des dialogues à la caillera particulièrement crédibles. Tantôt soutenue quand il fait parler politique et justice au professeur Archambault. Vraiment bluffant! Et puis les émotions son vraiment présentes malgré une écriture à la troisième personne qui d'habitude me laisse de marbre. Là j'ai souffert avec Thomas quand il se fait humilier publiquement par ses responsables de stages, j'ai été blessée jusqu'au sang lorsqu'il se fait battre sans pouvoir justifier l'échec d'une mission, j'ai hurlé sa rage en découvrant certaines vérités que je n'avais pas vu venir et j'ai aussi pleuré à travers ses yeux quand tout s'écroule... Que dire de plus à part que j'ai tout simplement adoré.

Je ne ferais pas une analyse de la politique et des défaillances de notre système abordées dans ce livre puisque je n'y connais absolument rien et que je ne m’intéresse pas du tout à ce sujet, mais mon ressenti en sortant de cette lecture est que les hommes sont capables d'actes odieux et en total désaccord avec leur personnalité lorsqu'ils sont influencés par l'amour ou l'ambition...

La dédicace sur la première page est totalement vraie : Thomas est un mauvais garçon qui gagne à être connu. Il me tarde maintenant de me pencher sur un autre garçon sorti de l'imaginaire de Laurent Bettoni : Arthus Bayard.

Chronique de Yezahel

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