mardi 22 avril 2014

La symphonie des abysses de Carina Rozenfeld

Année d'édition : 2014
Edition : robert laffont
Nombre de pages : 468
Public visé :  Young Adult
Quatrième de couverture :
L'Anneau, cet immense atoll avec en son centre le Cercle - une étendue d'eau de mer parfaitement circulaire - est cerné par le Mur, une haute barrière d'une trentaine de mètres, électrifiée, infranchissable. Sous son ombre, des hommes et des femmes vivent là, répartis dans des villes et villages si éloignés les uns des autres qu'ils ont oublié leurs existences respectives. Un point commun relie pourtant ces différentes communautés : le Règlement Intérieur et son code ultra restrictif. Trois personnages principaux : Abrielle, Sa et Ca. Trois destins différents qui vont finir par se croiser pour composer la mystérieuse Symphonie des Abysses. Abrielle est une réminiscente. Elle porte en elle des mélodies et des chants dans un village où la musique est strictement prohibée, où la pratiquer est devenu un crime. Jusqu'au jour où elle entend un chant qui vient des profondeurs de la mer : la Symphonie des Abysses. C'est pour cette raison qu'elle devra tout quitter et laisser derrière elle les seuls repères de son existence... Quant à Sa et Ca, deux Neutres, ni hommes ni femmes, ils s'aiment dans une ville où les sentiments sont interdits. Deux futurs hommes qui vont devoir fuir leur quotidien afin de devenir les adultes qu'ils veulent être. Tous les trois finiront par se retrouver afin de construire leur identité et changer le destin de l'Anneau, grâce à la Symphonie des Abysses...




Un livre à la couverture magnifique, au résumé alléchant mais qui ne tient pas toutes ses promesses ! On attendait de la magie musicale et des eaux profondes, on en est un peu loin dans ce premier tome.

Abrielle vit seule avec sa mère Abela, depuis la mort mystérieuse de son père, 1 an plus tôt. C’est une jeune fille de 16 ans vivant en collectivité dans un village régi par des règles strictes que le Gardien en chef, Braden, doit faire appliquée.  Il est notamment interdit de chanter ou d’écouter toute forme de musique. A l’age de 4 ans, elle a lâché quelques notes innocentes, les conséquences en ont été dramatiques et elle fut enfermée pendant des jours dans un cachot moisi. Depuis, elle est considérée comme une "Réminiscente", il est difficile pour elle de ne pas être attirée par la symphonie issue de bruits naturels et la musicalité qui vient des Abysses, pourtant elle résiste et ne chante pas. Les responsables de la collectivité voit, malgré tout en elle, un risque que la ville sombre à nouveau dans la folie passée et souhaite donc s’en débarrasser.

Ca et Sa sont tous deux des Neutres, des êtres dépourvus de tous traits physiques masculins ou féminins. Ils ont été conçus sans chromosomes X et Y.  A l’âge de 18 ans, la cérémonie d’Injection approchant, elle leur permettra de choisir d’être un homme ou une femme et de choisir une activité spécifique au sein du village. Celui -ci est également régi par des règles strictes, toutes formes d’amour, de contacts physiques et d’expression de sentiments sont prohibés. Pourtant ces deux là s’aiment dans l’interdit.

Deux histoires distinctes, deux villages inconnus l’un de l’autre mais tout deux bordés de forêts mystérieuses et d’un mur haut de 30 m infranchissables…

La première partie du livre raconte donc l’histoire d’Abrielle. Malgré la description d’un environnement paradisiaque, une fois les éléments de l’histoire posées, on a vite la sensation de tourner en rond et on s’attache finalement assez peu aux personnages. Abrielle est une héroïne assez fade, d’une certaine beauté et différente des autres par sa sensibilité musicale. Elle subit les épreuves les unes après les autres et s’en sort chaque fois in extrêmis ! Braden, l’ancien petit ami et Gardien en chef, est juste exécrable. Il change de position et d’avis un peu trop rapidement pour que cela soit réaliste, un personnage vraiment bizarre que l’on déteste dès la première apparition.  Abela la mère d’Aby est un personnage douteux au début mais qui se révèle vite être une mère prête au sacrifice pour sauver sa fille. Les autres personnages évoqués sont les responsables du village, Baako, la meilleure amie d’Abela qui se révèle finalement avoir les dents un peu trop longues et son fils le prêtre qui est juste là pour rappeler à (menacer ?) la société les règles qu’il convient de respecter. Bref, cette première partie est certes agréable à lire mais manque terriblement d’actions et d’épaisseur pour nous contenter pleinement. C’est donc plutôt décevant, mais…

La seconde partie démarre et nous raconte l’histoire de Ca et Sa, là c’est juste superbe. Deux personnages atypiques, ni homme, ni femme, deux âmes unit par un amour interdit, deux individus qui ne peuvent s’empêcher de se toucher, de s’embrasser, de s’aimer tout simplement. On ressent juste leur sentiment, on en oublie les risques qu’ils encourent jusqu’à… Ne spoilons pas, mais leur histoire est vraiment très forte. C’est vrai au début, on est relativement perplexe face à ces êtres étranges, mais que nous invente là l’auteure ? Mais ce n’est pas ici le plus intéressant, le plus passionnant reste leur relation fusionnelle, les doutes qui s’installent à l’approche de la Cérémonie d’Injection qui feront d’eux, un homme ou une femme, comment appréhenderont-ils leur nouveau corps ? Comment gèreront-ils une relation interdite une fois leur vie définie au sein de la société ? Ils ne savent pas si l’autre deviendra un homme ou une femme, ils s’en fichent, ils s’aiment déjà ! On s’attache indéniablement à ces deux personnages, occultant complètement les autres, leur histoire est plus profonde, plus complexe et plus riche. Enfin, le roman décolle ! Ca aux yeux sombres est de caractère plus réservé, plus triste, plus pessimiste, plus dans l’ombre ; Sa aux yeux bleus clairs est de caractère plus ouvert, plus joyeux, plus optimiste, plus dans la lumière, deux opposés qui se complètent parfaitement. Ils nous transportent dans une palettes d’émotions intenses ; on surfe sur leur tendresse, on se crashe sur leur malheur d’une injustice extrême et on vole sur l’espoir qu’ils transmettent.

Carina Rozenfeld a un style d’écriture relativement simple et épuré, peut-être un peu trop. Certes, ça se lit vite, les phrases sont courtes, les chapitres aussi, mais on ressent trop le public visé par ce roman young adult, qui manque un peu de complexité, à mon sens, pour parfaitement contenter un public plus adulte. Il y a également quelques éléments de l’histoire un peu "tiré par les cheveux" pour la rendre complètement crédible, notamment dans la première partie, ce qui nuit à la qualité du roman. L’auteur a tout de même su créer un environnement dystopique plutôt intéressant et contrasté ; des villages éparses n’ayant aucun lien entre eux aux décors paradisiaques d’Atoll et bordés de mangroves mystérieuses, de falaises dangereuses et d’un mur sombre dont on ne connaît pas l’origine, et des sociétés bridées, appauvries et sectarisées, cela reste classique mais efficace.

En bref, dans l’ensemble, la lecture est plutôt agréable, la deuxième partie y est pour beaucoup. Par ailleurs, la fin énigmatique annonce une suite très prometteuse !

Je remercie Louve du forum Mort Sûre et les éditions Robert Laffont pour ce partenariat

Chronique de Walkyrie

1 commentaire:

  1. Au début je ne voulais pas lire ce livre de plus que j'aime pas du tout la couverture mais finalement je pense le lire :D
    http://dustofpastel.blogspot.fr/

    RépondreSupprimer