dimanche 9 mars 2014

Nosfera2 de Joe Hill

Année d'édition : 2014
Edition : JC Lattès
Nombre de pages : 617
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Horreur et fantastique sont des mots presque trop simples tant l’univers de Joe Hill nous plonge dans un maelström de sensations envoûtantes. « L’innocence » de ses personnages confrontée à des situations profondément dérangeantes crée un climat qui vous hante longtemps après la lecture.

Il suffit que Victoria monte sur son vélo et passe sur le vieux pont derrière chez elle pour ressortir là où elle le souhaite. Elle sait que personne ne la croira. Elle-même n’est pas vraiment sûre de comprendre ce qui lui arrive.
Charles possède lui aussi un don particulier. Il aime emmener des enfants dans sa Rolls-Royce de 1938. Un véhicule immatriculé NOSFERA2. Grâce à cette voiture, Charles et ses innocentes victimes échappent à la réalité et parcourent les routes cachées qui mènent à un étonnant parc d’attractions appelé Christmasland, où l’on fête Noël tous les jours ; la tristesse hors la loi mais à quel prix…
Victoria et Charles vont finir par se confronter. Les mondes dans lesquels ils s’affrontent sont peuplés d’images qui semblent sortir de nos plus terribles cauchemars.




Un grand merci aux éditions JC Lattès et à Louve du forum Mort Sûre pour ce partenariat qui fut dense mais plaisant du début à la fin.

Victoria McQueen est une gamine de 9 ans lorsque son père lui offre un Raleigh,  un vélo masculin bien trop grand pour elle. Grâce à lui elle se sent libre, aérienne et loin de tout ennui familiale. Jusqu’au jour où sa mère perd un bracelet, une nouvel fois le conflit entre ses parents éclate. Elle fuit le domicile et pédale de plus en plus vite jusqu’à se retrouver devant cet ancien pont en bois et en piteux état, la soif de sensations sera plus forte ce jour là et Vic le traverse malgré les interdictions. C’est alors qu’elle se retrouve dans un endroit à 60 kilomètres d’où elle vient et retrouve ce bracelet perdu. Le retour sera douloureux et fiévreux et Vic sera perdue dans ses délires pendant quelques heures… Depuis lors, régulièrement ce pont lui apparaît et lui permet de retrouver tout objet ou être perdus. Charles Manx est un être au gabarit hors norme, gigantesque, semblant si vieux et inquiétant. A bord de sa voiture ancienne, une Rolls-Royce de 1938, il parcourt les Etats d’Amérique sur fond de musiques de Noël en quête d’enfants qu’il estime condamnés par leurs parents. Il souhaite les sauver en leur offrant le plus merveilleux des cadeaux : la jeunesse éternelle et un univers où chaque jour Noël est fêté : Christmasland. Vic se retrouve à 17 ans confrontée à Charles Manx, en quête de danger, son pont l’a menée tout droit à son repère : la maison de SangtaClaus. Malgré une confrontation qui aurait du coûter la vie de Vic, celle-ci s’enfuit et est sauvée in extremis par Louis, un motard obèse. Charles Manx est arrêté pour enlèvement et pédophilie, pendant 10 ans il sera incarcéré et sombrera dans le comas jusqu’au jour où il s’enfuit de la morgue, une vengeance en tête : détruire celle qui à nuit à "ses enfants" et à lui-même.

C’est un roman dense et riche que nous propose là Joe HILL. Un monde où l’innocence enfantine des personnages est saccagée par un côté horrifique et profondément tragique. S’inspirer d’une fête familiale, gaie et lumineuse qui inspire trêve et échanges sociaux pour en faire un roman fantastique horrifique, rend ce livre encore plus profond et intense. Cela donne une raillerie méprisante très osée ! C’est ce fond qui fait toute la force du livre car il est manifestement très réussi. On ne peut malgré tout pas s’empêcher de penser aux références des romans de son père, Stephen King, la Rolls – Royce notamment nous rappelle Christine. L’auteur a une écriture efficace et un style unique. Il se lit aisément et instaure un confort de lecture délectable. Les chapitres sont découpés de manières originales, les phrases ne sont souvent pas terminées pour l’être ensuite par le titre du chapitre suivant. Plutôt ludique et dynamique, cela incite à poursuivre inévitablement la lecture : un rendu addictif intelligemment mené.

Les personnages sont plutôt bien travaillés même si on peut leur reprocher de ne pas être véritablement originaux mais d’être un peu clichés. Vic est une jeune femme qui a des problèmes familiaux et qui aura une vie ratée à cause de son Raccourci, une vie de malade mentale sous traitement et débridée ; alcool, drogues et tatouages, mais néanmoins forte d’esprit pour sauver son fils. Une véritable "Sarah Conor" littéraire. Charles Manx, est un personnage âgé, filiforme, grand et au nez crochu. Il est douteux, perdu dans ses idéaux incroyables, il croit vraiment faire le bien en enlevant ces enfants et en les transformant en ces choses sans nom. Un être perdu dans ses délires et dépourvu de toute humanité. Un vrai méchant ! Wayne, le fils de Vic est un enfant intelligent qui se pose les bonnes questions et trouve les bonnes réponses. Il tente de résister à l’attrait inévitable de la Rolls-Royce et à la transformation qu’elle induit sur ces enfants enlevés. Les personnages secondaires sont aussi intéressants mais également un brin caricaturés ; Lou, un geek obèse, fan de comics est un gentil un peu benêt, mais il vous surprendra ! Bing est le parfait pervers, un homme-enfant aimant entretenir sa maison, vivant sa vie de solitaire mais qui cache des secrets macabres dans sa cave… Malgré la caricature et le manque d’originalité cela fonctionne. J’ajouterai tout de même un petit bémol pour certaines longueurs et des impressions de "fin" avant l’heure qui ont un peu terni ma lecture sans la rendre désagréable.

L’auteur nous transporte donc au travers d’une épopée sur la route Saint Nicolas mêlant psychologie humaine, pouvoir de l’esprit, limite de l’imagination, prix à payer pour un don hors norme et humanité perdue. On n’est pas vraiment sûr jusqu’à la fin qu’il s’agit de réalité, de rêves ou de délires de personnages, les uns et les autres étant étroitement liés. Cette fin d’ailleurs, explosive et plutôt inattendue, nous contente pleinement.

Amateurs du King, rués vous sur ce roman car il est évident que Joe Hill est le digne héritier de son père !
 
Chronique de Walkyrie


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