lundi 3 février 2014

Le premier sang de Sire Cédric

Année d'édition : 2013
Edition: pocket
Nombre de pages : 655
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Les plus grandes terreurs naissent dans l’enfance et prennent racine au plus profond de nous.
Qu’est-ce qui les fait resurgir ? Sommes-nous capables de les surmonter ?


Par une nuit d’hiver glacée, deux flics de la criminelle, partis pour surveiller un parrain de la drogue en banlieue parisienne, mettent les pieds dans une étrange affaire. Leur principal suspect est mort brûlé vif dans son appartement et les méthodes employées ne ressemblent pas à un règlement de compte. Eva Svärta, la policière albinos, dominée par le désir obsessionnel de retrouver le meurtrier de sa mère et de sa sœur jumelle, pressent un danger imminent. Et si les fantômes du passé se mettaient à reprendre vie ? Hallucination ou réalité ?






Madeleine Reich, une femme d’affaire d’une cinquantaine d’année, est tranquillement assise à table avec son mari, lorsque sa joue se met à saigner spontanément. Bientôt, c’est une entaille complète qui apparaît sur chacune de ses joues. Elle comprend immédiatement qu’un mal surgi de son passé la rattrape et qu’elle n’a plus de temps à perdre. A Paris, Eva Svarta, la policière albinos que tout le service regarde comme un monstre de foire, ne peut s’empêcher d’exhumer des dossiers des vieilles histoires qui la taraudent. Le meurtre de sa mère et de sa sœur jumelle l’obsède. Elle accepte pourtant d’aider son collègue Erwan Leroy, lancé à la poursuite de Ismaël Constantin, un magnat de la drogue qui a la mainmise sur la cité des Ruisseaux. Mais lorsqu’ils arrivent, c’est pour voir l'appartement de Constantin partir en fumée. Attaché à sa chaise, éviscéré, la bouche cousue, Constantin a visiblement été exécuté suivant un obscur rituel. A Toulouse, Alexandre Vauvert, tout en essayant de chasser de son esprit le souvenir d’Eva, part à la recherche de Pierre Loisel, disparu sans laisser de traces, avec pour seule piste la mort de sa femme et de sa fille quinze ans auparavant.

Allez, on prend une grande inspiration et on avale cinq cent pages sans s’en rendre compte. Monstrueusement addictif, voilà comment on pourrait qualifier les romans de Sire Cédric. Dès les premières pages, on prend une claque, on en prend plein les yeux avec une scène à la fois particulièrement sanglante mais aussi très dérangeante par son mystère. On devine vite qu’il y a un sens, et pourtant on le cherche, on s’interroge. Ce n’est pas juste du sang pour le gore. L’intrigue fait d’ailleurs la part belle au fantastique, puisqu’on plonge dans les méandres d’une secte à tendance satanique en quête de puissance et d’immortalité. Ce pourrait être un peu gros, un peu trop pour être crédible. Heureusement, les personnages cartésiens et surtout, le fait que le fantastique soit au service d’une intrigue de thriller psychologique particulièrement efficace empêchent tout cliché.

Les trois branches de l’intrigue se rejoignent assez vite, car de nombreux flash-back nous expliquent ce qui, trente ans auparavant, liait Loisel, Constantin et Madeleine. Là encore, l’idée est originale: si on a déjà vu des groupes de jeunes s’adonner à d’étranges expériences, c’est tout autre chose que de voir ces expériences leur revenir dans la figure alors qu’ils ont cinquante ans. Encore un cliché d’évité. Et grâce à ces histoires qui auraient pu passer pour de simples élucubrations gothiques, Sire Cédric ramène à une horrible réalité lorsqu’Eva découvre un bébé dans un congélateur. Les ficelles tirées pour rendre horriblement réalistes tous les éléments font froid dans le dos tant elles sont efficaces. On ne s’imagine pas jusqu’où une simple enquête de la brigade des Stup peut nous emmener et surtout combien de cadavres nous allons trouver sur la route et dans le temps.

Le dernier, mais non des moindres, atout du roman est son duo de flic. Amorcée dans Le Premier Sang, la relation entre Vauvert et Svarta avance tout doucement, ou plutôt stagne, au grand plaisir de la midinette en chaque lecteur qui désespère de voir ces deux être torturés se rejoindre enfin. Surtout le colosse fleur bleu désespérément amoureux (et hop, encore une pirouette aux clichés) d’une fille qui ne rappelle jamais. Mais c’est avant tout Eva qui fascine: asociale et dure, on la voit creuser une piste sans s’attendre à y dénicher des éléments de son passé qu’elle cherchait avec ferveur par ailleurs et découvrir toute l’horreur qui jalonne son histoire personnelle et qui ne cesse de la rattraper. Je suis décidément fan de ce personnage que j’imagine aussi belle que dérangeante dans son aspect et j’ai adoré toutes les scènes où elle s’amuse à enlever ses lunettes et dévoiler ses yeux rouges pour clouer le bec aux petits malins qui la cherchent.

Chronique de Mélusine

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