lundi 3 décembre 2012

Un père Idéal de Paul Cleave

Année d'édition : Octobre 2012
Edition : Le livre de poche
Nombre de pages : 432
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Jack Hunter a longtemps été un bon époux et un père idéal. Un homme bien sous tous rapports, hormis cette petite manie secrète et discutable : le meurtre violent de prostituées. Aussi son fils Edward ne s’attendait-il pas à ce que la police vienne un jour frapper à la porte de leur maison si tranquille pour y arrêter le premier serial killer de l’histoire de Christchurch, Nouvelle-Zélande. Vingt ans plus tard, Edward est à son tour devenu un citoyen modèle. Comptable sans histoire dans un cabinet d’avocats de la ville, il a tout fait pour oublier et faire oublier ses sombres origines. Mais le jour où sa femme est sauvagement assassinée, c’est vers son père, toujours derrière les barreaux, qu’il se tourne pour prendre conseil. Pourra-t-il faire autrement que de marcher sur ses traces ? L’instinct de tueur est-il vraiment héréditaire ? Autant de questions qu’Edward va devoir affronter durant une folle semaine qui verra sa vie bien rangée basculer dans l’horreur.


J’avais dévoré le premier livre de l’auteur alors lorsque Louve a proposé ce livre en partenariat sur son forum, je ne pouvais que tenter ma chance. Elle m’a souri et une seconde fois, je crie haut et fort que Cleave est un auteur de thrillers à part, avec lequel il faudra compter et qui noircit agréablement le paysage du suspense musclé.

Edward est le rescapé d’une enfance, on ne peut plus difficile et hors norme. Il est le fils de Jack Hunter, le serial killer qui porte si bien son nom. A 9 ans, lorsque Edward, alors encore appelé Jack junior, apprend la trahison de son père, il ressent surtout de l’incompréhension et voit sa famille se déliter petit à petit, son monde s’écrouler. Qui plus est Jack/Edward a lui aussi parfois des pulsions meurtrières qu’il camoufle du mieux qu’il peut mais qui laisseront un chien mort chez le voisin. Première victime. Vingt ans plus tard, malgré ses deuils successifs, Edward est marié, papa d’une petite fille adorable, mène une vie stable et épanouie. Ses beaux-parents l’ont accepté finalement, constatant qu’il rend leur fille heureuse et est un bon père. Mais un père qui a peut-être des choses à se prouver aussi lorsqu’il se propose de prendre la place de l’otage lors du braquage, il est loin de s’imaginer qu’il descend en Enfer en prononçant ces quelques mots de bravoure. Non seulement ce ne sera pas lui l’otage mais sa femme et elle sera tuée sous ses yeux.

Edward se retrouve totalement démuni, encore une personne aimée qui disparait et cette fois c’est totalement de sa faute. Si seulement il n’avait pas ouvert la bouche, sa petite-fille ne serait pas orpheline et son existence aurait pu continuer à lui plaire. Mais la culpabilité et bientôt la haine vont devenir ses meilleures amies. Plus son géniteur qui veut l’aider dans sa vendetta pour venger sa femme, réveiller le « monstre » qui vit en Edward dans lequel il voit un salut et une aide précieuse. S’en suit une succession d’évènements sanglants, de meurtres froids, de victimes collatérales…

Paul Cleave, pour la seconde fois, affirme ici un talent monstrueux – le terme est bien choisi – pour décrire le côté obscure de l’Humanité, la perversion des Hommes. Il sait choisir les mots qui percutent, qui peignent le portrait d’une scène de crime de façon presque gore, toujours violente, de courses poursuite hautement réalistes, de combats que l’on croirait photographiés. La gratuité des actes semble l’attirer particulièrement et il n’a pas son pareil pour en faire un compte-rendu atroce, parfois insoutenable car il choisit des faits presque divers pour rendre l’horreur palpable. Aucune place à ‘l’imagination ou du moins, le réalisme peut être sublimé par l’imagination, c’est-à-dire décuplé.

La narration est parfaite, les personnages étudiés, le scenario impeccable. Oui on pourrait parler de scenario car c’est bien un film qui se tourne sous nos yeux grand ouverts et on ne peut échapper à ces images implacables. J’ai peine à trouver les mots pour rendre justice à cet auteur et à ce livre également. Le lecteur est impliqué, jamais épargné, malmené et pourtant, tous les sentiments, actions décrits sont profondément humains même si déviants. Quant à la fin…je vous laisserai la savourer !

Edward reste donc le personnage central, il raconte l’histoire de cette déchéance qu’il vit depuis vingt ans et plus mais surtout il nous narre l’impensable, cet Nième deuil qui le fera basculer, lui qui jusque-là avait réussi à garder la tête hors de l’eau. Entre maladie et besoin naturel – même si non excusable – de se venger, Edward n’en reste pas moins une victime/bourreau très attachante. Il ressemble à vous et moi et peut être nommé le stéréotype de l’anti-héros qui n’agit qu’avec ses moyens, sa haine pour seul moteur et sa culpabilité. Le fait qu’il soit susceptible d’être schizophrène ne l’excuse pas, explique juste les voix qu’il entend.

Schroder, le flic optimiste, qui veut aider pour racheter également son sentiment de culpabilité et d’impuissance est le personnage secondaire tout choisi. Entre la loi et ses propres réactions d’homme et de père, il campe un flic ordinaire, lui aussi, tiraillé entre sauver des vies et sauver un homme dont il a suivi toute la funeste histoire.

Et troisième personnage si je puis dire, que j’ai trouvé important de nommer c’est cette ville de Christchurch qui porte bien mal son nom ou peut-être très bien, tout dépendra des croyances de chacun. Elle est sans cesse décrite comme un four, ça n’est pas sans rappeler l’enfer dont je parlais plus haut, comme un lieu de dépravation et elle était déjà le théâtre des événements non moins morbides de Un employé modèle. Le climat chaud est insupportable en ces périodes de fêtes et on sent le mal dans cette ville ou peut-être tout du moins, quelque chose de malsain qui plane sur elle.

En conclusion, c’est un énorme coup de cœur que je ne peux que vivement vous conseiller de vous procurer.
 
Chronique d'Ayma

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