lundi 26 novembre 2012

La dernière lame de Estelle Fay

Année d'édition : 2012
Edition : le pré aux clercs (pandore)
Nombre de pages : 451
Public visé : Young Adult
Quatrième de couverture :
Un monde qui ressemble à notre Renaissance, menacé par la montée des océans grouillant de créatures maléfiques, où règne la violence, la famine et la misère. L’Église des Cendres prospère sur tout ce désespoir, menée par la mystérieuse Marie aux yeux verts. Dans une des dernières villes émergées, Joad tente d’apaiser les souffrances et se prépare à affronter l’Armée des Cendres. Joad et Marie vont s’engager dans une course dont l’enjeu n’est rien de moins que le sort du monde.


Je remercie Le Pré-aux-Clercs et Mort-Sûre de m’avoir permis de découvrir ce livre.

La dernière lame est un roman est un roman qui a été écrit par Estelle Faye, qui est scénariste et travaille initialement dans le cinéma. Et cela se voit beaucoup dans sa manière d’écrire, qui est extrêmement visuelle. Son style littéraire est composé de phrases courtes, incisives. Même les passages d’action sont très descriptifs dans leur construction. De même, pour les sentiments des personnages, c’est généralement de la description, où l’on nous explique leur ressenti, leur passé, leurs buts du moment.

La structure d’ensemble du texte est également assez perturbante. Le roman tout entier est essentiellement bâti sur des séquences « d’ambiance » extra-courtes, souvent d’une ou deux pages (et c’est écrit très gros, au point qu’en feuilletant le livre on a l’impression que c’est pour du très jeune public, alors que ce n’est pas le cas). Ces séquences se succèdent en changeant systématiquement le personnage et le lieu de l’action. On suit donc simultanément des protagonistes très différents, pas toujours présentés, souvent nouveaux ou figurants, en sautant sans cesse de l’un à l’autre sans suivi prolongé de l’un d’eux. La manœuvre n’est pas inintéressante, mais le résultat m’a vraiment paru difficile à suivre. Il faut sans cesse se rappeler de tous les protagonistes, d’où ils étaient et ce qu’ils étaient en train de faire, et la fois suivante qu’on les retrouve il y a généralement eu une ellipse et il faut faire le lien entre les deux scènes, et ce tout le temps et avec chaque intrigue individuelle. Il y a donc une gymnastique constante à faire et on peut difficilement se plonger dans le livre en se laissant juste porter par le récit, car il faut sans cesse réfléchir pour se rappeler, surtout si on ne lit pas le roman d’une traite.

Concernant le récit intégral, l’ensemble m’a paru manquer d’unité et je n’ai pas toujours compris les choix d’orientation donnés à l’intrigue par l’auteur. Par exemple, le prologue nous présente Julian ab Népanthès et lui donne une certaine importance en sous-entendant qu’il connaîtrait la façon de sauver le monde de la montée des flots. Mais par la suite, Julian devient un personnage complètement secondaire, et son destin est tel qu’en fin de compte son importance dans l’intrigue se révèle presque négligeable. Même la traduction des tatouages qu’il porte sur le corps, et qui constituent un mystère constant, on ne voit pas trop à quoi cela mène au final, quelle est leur utilité en fin de compte.

Quant à Séverina/Marie, je n’ai pas vraiment saisi l’utilité de présenter sa vie d’avant avec pas mal de détails, alors qu’après c’est complètement oublié et qu’elle ne le récupère jamais. Quel est le but de l’existence de Marie, à quoi son aventure a-t-elle servi à la fin, quel fut le sens de sa vie ? Je dois dire qu’après avoir terminé le roman, j’aurais bien de la peine à répondre à cette question.

Concernant la montée des eaux et le sauvetage du monde, cette notion apparaît dans le prologue et à la toute fin du roman, mais est quasiment laissée de côté durant tout le milieu. Personne ne recherche de solution à cette crue qui semble inéluctable au point que les habitants de cette époque n’ont plus beaucoup d’espoir sur leur avenir. Les actes et certaines mésaventures arrivant aux personnages vont mener vers cette conclusion, mais eux-mêmes ne la recherchent pas sciemment. Si bien que je n’ai pas ressenti de suspens, ou d’attente, au fil de ma lecture.

De même, l’Église des Cendres est présentée avec une telle importance au début du roman, qu’on a l’impression d’une entité centrale autour de laquelle va se jouer l’intrigue. Alors que ce n’est pas le cas du tout. Elle vite laissée de côté au fil des événements. Ce qui est dommage. Comme Séverina, Julian ou d’autres éléments que j’ai cités ou pas, l’Église des Cendres est mise en avant et finalement oubliée, et à la fin on ne sait pas trop à quoi cela a servi de l’évoquer.

À l’inverse, le personnage de Jester apparaît de nulle part en plein milieu du roman, alors qu’elle aura beaucoup d’importance par la suite.

En fait, si je devais définir la structure de La dernière lame, ce serait sans doute par le terme « décousu ». Entre le texte qui saute sans arrêt d’une séquence à une autre, les protagonistes qui manquent de suivi, la montée des eaux et la fin du monde qui ne sont guère évoqués, et les différentes parties du texte qui ne sont guère liées entre elles, des personnages qui disparaissent ou apparaissent sans que leur rôle n’ait été clairement défini, tout cela n’a pas vraiment d’unité ou de clarté. C’est à la fois difficile à suivre et difficile à comprendre, même si l’on suit. Pour toutes ces raisons, ce roman n’est pas vraiment un coup de cœur, même si à part il y a quelques aspects qui m’ont plu.

Par exemple, j’ai trouvé l’univers assez original. Beaucoup de romans de fantasy se contentent de vaguement recopier le Moyen-Âge, là il y a bien une inspiration historique mais plutôt tirée de la Renaissance. On reconnaît certains aspects de cette période mais d’autres, plus personnels, sont propres à un univers fantasy. À part ça, cet univers n’est malheureusement pas très développé, pas très présenté, et j’aurais bien voulu en savoir davantage. J’ai trouvé que certains aspects n’étaient pas assez expliqués, sinon qu’on en retient soit un manque de clarté, soit un sentiment de frustration face aux peu d’éléments donnés.

J’aurais voulu en savoir plus sur les Façonneurs, notamment. J’ai plus ou moins compris que ce qu’ils étaient, mais pourquoi sont-ils ce qu’ils sont ? D’où viennent-ils, d’où viennent leurs facultés, où vivent-ils et quel est leur but ? Ils sont là et ont de l’importance dans ce roman mais on en sait tellement peu sur eux !

L’Ombre, aussi. Qu’est-ce que c’est, d’où vient-elle ? Est-elle liée à la montée des eaux ? L’Ombre est mentionnée vers le milieu du roman, apparaissant un peu de nulle part (comme Jester), et même à la fin son rôle ne reste pas très clair. On a l’impression qu’il fallait à tout prix évoquer une force obscure ténébreuse parce qu’on est dans de la fantasy.

Pour en revenir à ce que j’ai aimé, j’ai apprécié le personnage de Joad, à mon sens le plus intéressant et attachant du roman. Rien que physiquement, ses prothèses le distinguent de ses semblables. Le traitement qui lui est réservé est également intéressant : il ne connaît pas que des réussites, mais pas non plus que des échecs, il a un caractère sympathique, et la redécouverte de son passé l’approfondit, sans parler de l’émotion qui accompagne ces passages. C’est le personnage que j’ai eu le plus de plaisir à suivre et qui m’a paru le plus cohérent et subtil du roman.

J’ai aussi trouvé sympathique le fait que malgré que Marie et Joad soient les deux personnages principaux du roman, ils ne sont pas pour autant ensemble, en groupe. Ils évoluent chacun de leur côté et il arrive que leurs routes se croisent, mais sinon leurs aventures sont individuelles.

Dans l’ensemble, La dernière lame a été pour moi une lecture plaisante, ayant certaines qualités. Mais le manque de développement de l’univers, des peuples ou des protagonistes, me laisse sur ma faim. Et j’en garde quand même aussi, parallèlement, une impression de lecture laborieuse en raison du côté décousu et descriptif du texte. J’ai de toute évidence éprouvé certaines difficultés de compréhension, et j’ai espéré éclairer ma lanterne, mieux comprendre le livre, en regardant la vidéo sur laquelle on voit l’auteur parler de son roman.

J’en suis ressortie en me posant encore plus de questions qu’avant. Dans la vidéo, l’auteur évoque son amour pour l’océan, amour qu’on ne ressent pas du tout dans son texte puisque l’océan est vu comme dangereux, la montée des eaux s’apprêtant à engloutir le monde. Malgré que le texte soit très descriptif, il n’y a pas guère de descriptions des eaux, et même quand des noms de poissons sont évoqués, ce sont des espèces basiques, peu variées. Je n’ai pas non plus compris pourquoi avoir brossé ainsi le portrait de Séverina si c’était pour l’enterrer totalement après, qu’aucune leçon ou autre révélation ne soit retirée de son passé.

Le synopsis de ce roman m’attirait mais en fin de compte cela n’a pas été un coup de cœur. Je terminerai sur un dernier point qui me laisse perplexe, à savoir la couverture. Qui est la jeune femme sur la couverture ? Ce n’est pas Séverina puisqu’elle ne portait pas d’épée lorsqu’elle portait ce nom, et ce n’est pas Marie puisque Marie est masquée. De plus, ses yeux devraient être verts. Et il n’est pas fait mention de Jester sur le quatrième de couverture. Donc voilà, cette couverture est jolie mais elle ne reflète pas le contenu…

Je suis assez satisfaite d’avoir découvert ce livre que je n’ai pas détesté du tout mais pour moi il n’y a pas matière à en garder un grand souvenir et je ne pense pas le conseiller autour de moi. 

Chronique de Sherryn

************************************

Je souhaite tout d'abord remercier les éditions Le pré aux clercs pour m'avoir permis de découvrir une de leurs parutions au Québec. C'est avec grand plaisir que je me suis plongée dans l'univers de Marie. Cependant, l'histoire ne s'est pas avérée à la hauteur de mes attentes et je vous exposerai pourquoi dans les les prochains paragraphes.

Concernant le style de l'auteure, je l'ai trouvé vide et sans émotions. Des phrases pourtant bien écrites et de longueur acceptable, mais les mots de transportaient rien. Le résumé est pourtant prometteur à première vue, mais la façon dont l'histoire est rédigée ne reflète pas la quatrième de couverture. Le roman est divisé en trois livres qui ont un petit lien conducteur entre elles, car les personnages principaux reviennent. Ils évoluent un peu, mais une personne pourrait débuter par le second volume et comprendre tout de même l'histoire. Les chapitres ne possèdent pas de titre et sont très courts, facteur qui m'a plus ou moins dérangée, mais en général, dans des romans de fantasy, j'apprécie avoir des titres évocateurs et magiques.

Pour ce qui est des personnages, ces derniers avaient un potentiel mal exploité. J'ai eu l'impression de n'apercevoir qu'une enveloppe charnelle sans âme. C'est le chaos dans l'histoire, l'eau monte et les villes se font engloutir, mais les personnages ne semblent pas inquiets outre mesure. C'est un peu incohérent. Les émotions sont quasi absentes ou mal décrites, car on ne s'attache pas aux personnages et on ne parvient pas à entrer profondément dans l'histoire. L'intrigue donne l'impression d'avoir été survolée et manque un peu de profondeur. Marie est une guerrière méchante qui sème la terreur auteur d'elle. Elle a été capturé et couverte de Cendres et appartient maintenant à cette église. Son but est de prendre possession de diverses contés avec son armée. Cependant, elle se heurte à des gens qui tentent de survivre du mieux qu'ils peuvent du à l'eau douce qui se raréfie. Ils se battent, mais je trouve que Marie gagne trop facilement. L'action est brève et sans éclat. Il n'y a pas de suspense. Le personnage que j'ai trouvé le plus humain et émotif, c'est le docteur Joad, mais il aurait facilement pu avoir plus de présence.

Concernant l'histoire, j'ai trouvé qu'elle manquait de profondeur tout comme les personnages. Des armées qui désirent prendre le contrôle, de l'eau qui monte et peu de mots pour représenter l'ampleur du phénomène. Les créatures maléfiques qui sont supposées vivre dans l'eau n'ont qu'un rôle secondaire alors qu'elles auraient du semer la terreur partout. Ce n'est que vers la page 300 qu'elles commencent à vraiment montrer leur nez. Je trouve dommage que le sujet de ce roman ait été mal exploité, car le fantastique et la fantasy auraient pu donner plus de brillance à ce roman. Il s'agit dans ce cas-ci d'une narration qui n'évoque pas beaucoup. Elle ne rend pas bien compte des actions et des descriptions.

Mais il n'y a pas que du négatif, j'aimerais mentionner que malgré tout, j'ai apprécié l'idée directrice de l'histoire. Le squelette est là, mais plus de chair autour de l'os n'aurait fait que rendre l'intrigue plus savoureuse.

En conclusion, une idée qui a du potentiel, mais qui a été mal développée.  

Chronique de Salsera

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire